Si la minorité de Charles II est une période instable et parfois confuse, c’est d’abord parce qu’elle est le lieu d’une intense expérimentation politique, dans et hors des arcana imperii, et qu’il faut penser comme un tout. Le pragmatisme de la reine-mère Mariana de Austria qui se ménage une marge d’action en disséminant les pouvoirs répartis entre des hommes de confiance, donne l’opportunité à plusieurs configurations politiques de voir le jour, au-delà de la question du valido qui ressurgit dans certaines conjonctures en exacerbant le factionnalisme. Dans ce contexte et dans le sillage de don Juan José de Austria, un maniement singulier et inventif de l’écrit et de la publicité fournit un instrument, dont différents groupes s’emparent, pour déstabiliser et reconfigurer le système en place. Ces pratiques scripturaires et publicitaires inédites permettent de rééquilibrer depuis l’intérieur, les pouvoirs de la polysynodie et de l’espace domestique de la cour dont la porosité et l’entrelacs sont les coordonnées mêmes du jeu politique de l’âge moderne. L’espace polémique, multipolaire et ambigu, qui surgit entraîne certains glissements de la culture politique en ébranlant l’autorité souveraine et en faisant éclater les contours des arcana imperii, gardiennes des mystères de l’État, en y intéressant un large public.