Le soulèvement des Barretines (1687-1690) en Catalogne offre un cas propice à l’étude d’une révolte dans sa dimension communicationnelle et spatiale. La composante rurale, son extension, sa durée, la centralité de Barcelone et l’entrée en guerre contre la France invitent à analyser la façon dont la révolte se déploie dans l’espace et articule des lieux de crispation en un territoire qu’il s’agit de tenir. Les jeux d’échelle et la projection spatiale de la révolte indiquent que ces lieux sont déterminés par leur fonction et leur situation dans le tissu urbain, leur l’histoire et les symboles qu’ils charrient. Au-delà d’un marquage du territoire, un dispositif spatial forçant la discussion avec les autorités s’établit : deux fois, le siège de Barcelone par les Barretines ouvre une scène qui leur permet de se faire entendre jusqu’à Madrid. L’arène dialogique ainsi creusée et la politisation de l’espace qui en résulte, la massification de la production écrite des révoltés incitent à se demander dans quelle mesure on passe d’un ensemble de lieux à une place publique et à un espace public dématérialisé bien que volatile. L’article s’accompagne de cartes originales.