Nulle société n'est hermétiquement close sur elle-même à long terme : mais le rapport à l'étranger peut se décliner de multiples manières. Selon le degré de « tension » entre les deux états de culture et le sentiment que l'on entretient à cet égard, on peut éprouver pour l'étranger une indifférence absolue, de la curiosité ou du mépris ; ainsi, si l'on excepte l'ignorance complète, qui s'accompagne volontiers des représentations les plus farfelues, peuvent se dessiner les impressions d'exotisme ou l'accusation de barbarie. Si au contraire c'est l'étranger qui arrive, en visiteur, la situation est encore différente : le voyageur de passage n'a pas le même impact sur une cité que l'étranger qui vient s'y installer. Dès lors, celui-ci entretient avec les habitants et leurs façons de vivre et de concevoir la vie sociale des rapports complexes. Dans sa Soziologie, parue en 1908, Georg Simmel consacre un chapitre à l'étude de l'espace dans la construction des rapports sociaux ; il y insère une sorte d'encart, "Exkurs über den Fremden" -généralement traduit par "Digression sur l'étranger". Le sociologue y examine particulièrement le statut de l'étranger comme visiteur. On éprouvera la validité de ses analyses au regard du "hotu painu" en Polynésie, ou du "beachcomber". La présente version de l'article a été légèrement remaniée depuis sa parution en 2009.