De quelques préverbes dans le Roman de la Rose : re, par, entre et tres
Abstract
La langue de Guillaume de Lorris illustre bien la tendance de l’ancien français à l’expression synthétique de l’aspectualité, en confiant cette fonction à une large variété de préverbes. Dans le présent article, nous traitons du sémantisme et du fonctionnement contextuel de quatre morphèmes préfixaux – re, par, entre et tres –, tels qu’ils se laissent analyser à partir du texte au programme. Les quatre morphèmes assument différentes fonctions morpho-syntaxiques, allant du statut lié de préfixe jusqu’à celui, indépendant, d’adverbe ou de particule. Le sémantisme de réitération caractérisant le préverbe re lui confère un pouvoir cohésif. Le sens de traversée sous-jacent à par amène ce morphème jusqu’à la fonction d’intensificateur. Le sémantisme spatial de entre aboutit, par subduction, à différentes significations abstraites telles que la réciprocité ou bien la temporarité, tandis que tres, dont l’évolution recoupe en partie celle de par, voit son sémantisme spatial basculer vers celui de complétude et d’intensification adverbiale. Toutes les acceptions et fonctions identifiées trouvent leur explication dans le signifié de puissance des différents morphèmes, unité abstraite que nous concevons conformément à la psychomécanique guillaumienne, tout en la matérialisant à l’aide de figures schématiques. L’évolution ultérieure se caractérise par une spécialisation progressive des quatre signes, conformément aux changements typologiques qui sous-tendent l’évolution du français.
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