S. Jacques-van-heuvel-voyait-dans and L. , Ingénu un « roman de la réconciliation 63 », nombre de critiques ont mis l'accent sur sa noirceur ou son pessimisme 64 . Alors que, dans Zadig et Candide, Voltaire mise sur des effets de répétition au comique plus ou 57 Voltaire, Candide, p.115

C. Voltaire, , vol.24, p.115

C. Voltaire, , vol.25, pp.118-119

A. Schopenhauer, .. A. Le-monde-comme-représentation, and . Burdeau, De la vanité et des souffrances de la vie, vol.46, p.1346, 1966.

C. Voltaire, , p.137

A. Schopenhauer, .. A. Le-monde-comme-représentation, I. Burdeau, . Iv, . §57 et al., rééd. coll. « Quadrige, p.394, 1966.

, de Micromégas à L'Ingénu, p.295, 1967.

Z. Voir, «. Levy, and C. , Studies on Voltaire and the Eighteeenth Century, pp.149-165, 1980.

L. Voltaire and . Ingénu, , pp.106-107

L. Voltaire and . Ingénu, , vol.20, p.138

C. Voltaire, , p.43

«. Voltaire and . Nature, Dialogue entre le philosophe et la nature », dans Questions sur l'Encyclopédie, par des amateurs [1771], VII, éd. Nicholas Cronk et Christiane Mervaud, OEuvres complètes 42B, p.288, 2012.

A. Lesage, Une Journée des Parques divisée en deux séances, éd. critique S. Ballestra-Puech, OEuvres complètes, dir. Christelle Bahier-Porte, tome 12, pp.150-152, 2017.

C. Émilie-du, , p.44

, Sirius tel que Voltaire l'a mis en scène dans Micromégas, dont la rédaction, en 1739, est antérieure à celle de Zadig même si sa publication, en 1752, est postérieure. L'écho ménagé entre ce passage et le discours de Jesrad confirme que l'argument repris à Leibniz via Madame du Châtelet possède plus de force pour Voltaire que ceux issus de l'apologue médiéval qui, dépouillés du cadre chrétien qui leur donnait leur sens, s'en trouvent singulièrement affaiblis comme on l'a vu. Mais cet écho souligne aussi que l'être humain, en tant qu'être sensible et non pas purement rationnel

, Haydn Mason propose plusieurs rapprochements convaincants entre le discours de l'ange Jesrad et le texte de Madame du Châtelet (voir notamment p, vol.30, pp.220-221, 2004.

C. Émilie-du, , p.50

Z. Voltaire, . La, and . Battue, , p.50

Z. Voltaire, . La, and . Battue, , p.50

C. Voltaire, , p.40

C. Voltaire, , p.43

C. Voltaire, , vol.46, p.47

C. Voltaire, , p.50

C. Voltaire, , p.88

Z. Voltaire, . La, and . Battue, , p.51

C. Voltaire, 90 : « Candide à tous ces discours demeurait en extase, vol.18

C. Voltaire, , vol.18, p.92

C. Voltaire, , vol.18, p.92

, elle peut aussi être considérée comme une manière de prendre Pangloss au mot et de considérer avec lui que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Gordon, qui fait son entrée dans le roman en tant que « vieillard gai et serein, qui savait deux grandes choses : supporter l'adversité, et consoler les malheureux 99 » n'est évidemment pas soumis à une ironie narrative aussi cruelle que celle dont est victime Pangloss. Mais sa célébration du dessein providentiel dont témoignerait l'arrivée du Huron dans sa cellule n'en échappe pas pour autant à l'ironie du sort : lui qui supposait que Dieu lui avait donné ce compagnon pour qu'il fasse son salut en le convertissant au jansénisme 100 est finalement converti par lui : « Enfin, On trouverait difficilement illustration plus littérale de l'ironie du sort ! Quant à la périphrase célèbre désignant les cachots, « des appartements d'une extrême fraîcheur dans lesquels on n'était jamais incommodé du soleil 98, pp.84-85

C. Voltaire, , p.39

L. Voltaire and . Ingénu, , pp.89-90

C. Voltaire, , p.49

C. Voltaire, , p.53

L. Voltaire and . Ingénu, , pp.85-86

L. Voltaire and . Ingénu, , p.86

. De-façon-symétrique and . Le-discours-de-l'ange-jesrad-ne-manque-pas-de-rappeler-cet-Épisode, pour illustrer précisément l'inexistence du hasard : « Souviens-toi de ce pêcheur qui se croyait le plus malheureux de tous les hommes. Orosmade t'a envoyé pour changer sa destinée 103 ». Ce bouclage narratif renforce-t-il l'argumentation de Jesrad ou attire-t-il l'attention sur l'artifice romanesque ? L'absence de consensus critique sur la question montre surtout la place qu'il laisse à la liberté du lecteur, en accord avec la conviction voltairienne que « les livres les plus utiles sont ceux dont les lecteurs font eux-mêmes la moitié 104

, L'enchaînement des septième et huitième chapitres en offre un autre exemple, la narration faisant ostensiblement écho au discours du personnage : Il eut un songe : il lui semblait qu'il était couché d'abord sur des herbes sèches, parmi lesquelles il y en avait quelques unes de piquantes qui l'incommodaient ; et qu'ensuite il reposait mollement sur un lit de roses, dont il sortait un serpent qui le blessait au coeur de sa langue acérée et envenimée. « Hélas ! disait-il

L. Voltaire and . Ingénu, , p.108

Z. Voltaire and . Le-pêcheur, , p.72

Z. Voltaire and «. L'ermite, , p.72

. Voltaire, , p.4, 2008.

, L'être féminin dont Voltaire fait la cause de toutes les pérégrinations de Candideexpulsion errance et quête -n'est qu'un leurre de fraîcheur et de jeunesse, qualités sujettes à dégradation : désirable tant qu'elle manque et parce qu'elle manque, Cunégonde retrouvée n'est plus qu'un laideron acariâtre, avec lequel la vie serait intolérable, n'était la ressource du jardin à cultiver, la fuite productive dans le travail. Candide est dupé par l'amour : parmi les idéaux que le récit voue à la destruction

. Candide, est mû par une illusion qui prend fin à l'instant précis où l'objet aimé, cessant d'être une image et un nom, apparaît comme une personne « réelle ». La bouffonnerie consiste à faire de la possession si longuement différée une déception redoublée 111

L. Le-démiurge-du-«-monde-possible-»-de, Ingénu épargne au moins cette bouffonnerie à ses personnages : la violence persécutrice et l'abus de pouvoir n'y

Z. Voltaire, Les disputes et les audiences, p.46

Z. Voltaire and . La-jalousie, , p.47

. Van-heuvel, , p.261

J. Starobinski and C. Sur-le-style-philosophique-de, repris sous le titre « Le fusil à deux coups de Voltaire » dans Le Remède dans le mal, p.124, 1977.

M. Voir and . Picard, La lecture comme jeu : essai sur la littérature, 1986.

J. Starobinski and L. Remède, , pp.128-149, 1989.

, Si dans Candide il a eu a coeur d'« échappe[r] aux dangers de l'outrance sentimentale et aux ratés de l'éloquence 115 », il a tenté dans L'Ingénu de solliciter chez son lecteur cette part sensible dont Zadig affirmait déjà qu'elle tenait la balance égale avec la raison. La mort de Mademoiselle de Saint-Yves est d'ailleurs l'occasion d'un vibrant plaidoyer en faveur de cette sensibilité dont toutes les tentatives de maîtrise ne sauraient être que des impostures 116 . Sans tomber dans un schématisme réducteur et en se gardant de confondre corrélation et causalité, force est de constater que la remise en question explicite de toute providence particulière dans le discours du Huron coïncide avec l'abandon de la linéarité narrative qui caractérisait Zadig et Candide au profit du va-et-vient entre deux fils de l'intrigue qu'on observe à partir du treizième chapitre de L'Ingénu, passage souligné par le narrateur : « Pendant que notre infortuné s'éclairait plus qu'il ne se consolait ; pendant que son génie, étouffé depuis si longtemps, se déployait avec tant de rapidité et de force ; pendant que la nature, qui se perfectionnait en lui, le vengeait des outrages de la fortune, que devinrent monsieur le prieur et sa bonne soeur, et la belle recluse Saint-Yves ? 117 ». Le « monde possible » de L'Ingénu semble faire une beaucoup plus grande place à la simultanéité : au modèle linéaire de « l'enchaînement des événements », cher à Pangloss comme à l'ange Jesrad, se substituerait celui de l'intersection des séries causales, sont pas moindres mais leurs victimes y sont moins avilies. Que la belle Saint-Yves ne soit arrachée à l'étreinte du Huron que pour être livrée à un « cruel [qui] jouirait impitoyablement de la nécessité où elle était réduite 112 » relève encore de l'ironie du sort mais c'est désormais celle de la scène tragique, le discours du narrateur convergeant avec celui du héros pour exalter la vertu de l'héroïne : « Elle ne savait pas combien elle était vertueuse dans le crime qu'elle se reprochait, vol.113, p.119

L. Voltaire, . 'ingénu, and . Ch, , vol.18, p.121

L. Voltaire and . Ingénu, , vol.20, p.132

J. Starobinski and L. Remède, , p.124, 1989.

L. Voltaire and . Ingénu, , vol.20, p.134

L. Voltaire and . Ingénu, , vol.13, p.99

. Sur-la-spatialité-que-celle-ci-implique, L. Voir-stéphane-lojkine, . Scène-de-roman-:-méthode-d'analyse, A. Paris, and . Colin, assumée par Voltaire, y compris dans la dimension du « coup de théâtre » que constitue, par exemple, l'irruption de « la bonne amie de Versailles » dans le dixneuvième chapitre 119 . Moins que le hasard romancier de Balzac 120 , ce serait alors la conception des rapports entre roman et destin qu'Albert Camus expose dans L'Homme révolté qui se trouverait préfigurée dans L'Ingénu, à rebours de Candide : Voici donc un monde imaginaire, mais créé par la correction de celui-ci, un monde où la douleur peut, si elle le veut, durer jusqu'à la mort, où les passions ne sont jamais distraites, où les êtres sont livrés à l'idée fixe et toujours présents les uns aux autres. L'homme s'y donne enfin à lui-même la forme et la limite apaisante qu'il poursuit en vain dans sa condition, 2002.

L. Voltaire and . Ingénu, , vol.19, p.124

. P. Éd, . Castex, . Paris, . Gallimard, and . Bibliothèque-de-la-pléiade, Le hasard est le plus grand romancier du monde : pour être fécond, p.11, 1976.

A. Camus and L. Révolté, OEuvres complètes III, p.288, 1951.