Processus migratoire et qualité de vie. L'exemple des migrants retournés au village dans une zone forestière du Sud Cameroun - Université Côte d'Azur Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2000

Migration process and quality of life. The example of migrants returned to the village in a forest area of ​​South Cameroon

Processus migratoire et qualité de vie. L'exemple des migrants retournés au village dans une zone forestière du Sud Cameroun

Résumé

From a survey conducted in a rural population of South Cameroon on the return to the village we wanted to know: who are the migrants and how big is the phenomenon of return to the village? - what are the reasons for the return and the means of reintegration of migrants in their village of origin? - what is their vision of the city and do they have new migration projects? - how do they speak about their quality of life in their migratory journey ? Our study concerns all the thirteen villages bordering the track ending the Ma'an - Ebolowa axis belonging to the geographical area of ​​the Ntem loop in South Cameroon. Fifty-two people were interviewed. The answers to these open questions, rich in information, were the subject of an analysis that allowed the construction of quantified variables. The results, supported by life stories and observations on the ground, made it possible to argue the questions previously asked. This analysis of "return migration" in a very low density equatorial forest area, the Ntem Loop, sheds light on one aspect of town-country relations by clearly denying the prejudices that forest areas are autarkic places of life without links with the outside world and in particular the urban centers. These areas also participate, and in a significant way, in the internal migration of Cameroon. "Return migration" is a relatively old phenomenon in this region; and even if it affects the villages differently, all participate in this population flow. Its recent development coincides with a qualitative transformation observed in other places, which results mainly from the more sensitive economic crisis in urban centers. Some major characteristics stand out, despite the heterogeneity of our body of work. Migrants enjoy a rather high level of education. They leave the village young and do not emigrate after thirty-five years. Their social status at the time of departure is very fragile since most of them are not married, do not have a plantation or a home of their own. No destination seems privileged (even if Gabon and Equatorial Guinea, countries nearby and sheltering the same ethnic group, represent attractive zones); however, three-quarters of migrants head for the city. The time spent outside the village is relatively long, but depends on the causes of return. If the return is mainly suffered (economic crisis, succession), this does not prevent a fairly rapid reintegration of migrants (marriage, creation of a plantation, even a box), especially since they never stopped maintaining relations with the village during their stay in the city. Their attitude towards a new beginning is a wait-and-see attitude (except for the youngest, who are also the least in the village), because it seems to them necessary to have a job to support the family. Nevertheless, the majority of the "return migrants" remain attracted to the city because, as one of them will tell us "... when you are in town, you are more dynamic, whereas in the village of It's not the same, it's routine, so I'd like to go back to town one day. "
À partir d’une enquête réalisée dans une population rurale du Sud Cameroun sur le retour au village nous avons voulu savoir : qui sont les migrants et quelle est l’ampleur du phénomène de retour au village ? - quelles sont les raisons du retour et les modalités de réinsertion des migrants dans leur village d’origine ? - quelle est leur vision de la ville et ont-ils de nouveaux projets migratoires ? - comment parlent-ils de leur qualité de vie dans leur parcours migratoire ? Notre étude concerne l’ensemble des treize villages bordant la piste terminant l’axe Ma’an - Ebolowa appartenant à la zone géographique de la boucle du Ntem au Sud Cameroun. Cinquante-deux personnes ont été interrogées. Les réponses obtenues à ces questions ouvertes, d’un contenu riche en informations, ont fait l’objet d’une analyse qui a permis la construction de variables quantifiées. Les résultats, confortés par des récits de vie et des observations de terrain, ont permis d’argumenter les questions préalablement posées. Cette analyse de la “migration de retour” dans une zone de forêt équatoriale à densité très faible, la boucle du Ntem, permet d’éclairer un des aspects des rapports ville-campagne en démentant clairement les préjugés selon lesquels les zones de forêt seraient des lieux de vies autarciques sans liens avec l’extérieur et en particulier les centres urbains. Ces zones participent aussi, et de manière non négligeable, aux migrations internes du Cameroun. La “migration de retour” est un phénomène relativement ancien dans cette région ; et même si elle affecte diversement les villages, tous participent de ce flux de population. Son développement récent est concomitant d’une transformation qualitative observée en d’autres lieux, et qui résulte principalement de la crise économique plus sensible dans les centres urbains. Quelques grandes caractéristiques ressortent, malgré l’hétérogénéité de notre corpus. Les migrants jouissent d’un niveau d’étude plutôt élevé. Ils quittent jeunes le village et n’émigrent plus après trente-cinq ans. Leur statut social au moment du départ est très fragile puisque la plupart ne sont pas mariés, ne possèdent pas de plantation, ni d’habitation propre. Aucune destination ne semble privilégiée (même si le Gabon et la Guinée Équatoriale, pays tout proches et abritant la même ethnie, représentent des zones attractives) ; cependant, les trois quarts des migrants se dirigent vers la ville. Le temps passé à l’extérieur du village est relativement long, mais dépend toutefois des causes de retour. Si le retour est majoritairement subi (crise économique, succession), ceci n’empêche nullement une réinsertion assez rapide des migrants (mariage, création d’une plantation, voire d’une case), d’autant qu’ils n’ont jamais cessé d’entretenir des relations avec le village au cours de leur séjour en ville. Leur attitude vis-à-vis d’un nouveau départ est attentiste (sauf pour les plus jeunes, qui sont aussi les moins insérés au village), car il leur semble nécessaire d’avoir un emploi pour subvenir aux besoins de la famille. Malgré tout, la majorité des “migrants de retour” reste attirée par la ville car, comme nous le dira l’un d’entre eux “...quand vous êtes en ville, vous êtes plus dynamique, alors qu’au village c’est pas pareil, c’est la routine, alors j’aimerais rentrer un jour en ville”.
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Boudigou, Bley, Vernazza Licht, Processus migratoire QDVie 2000 Foret.pdf (468.28 Ko) Télécharger le fichier
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Dates et versions

hal-01516578 , version 1 (17-01-2019)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01516578 , version 1

Citer

Ronan Boudigou, Daniel Bley, Nicole Vernazza-Licht. Processus migratoire et qualité de vie. L'exemple des migrants retournés au village dans une zone forestière du Sud Cameroun. Bahuchet S., Bley D., Pagezy H., Vernazza-Licht N. L'Homme et la forêt tropicale, Edition de Bergier; Société d'Ecologie Humaine, pp.159-173, 2000, Travaux de la Société d'Ecologie Humaine, 2-9511840-5-0. ⟨hal-01516578⟩
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